CONSTANTINOLE 330. Fondation de CONSTANTINOPLE, BYZANCE et ISTAMBUL. En réalité il s’agit de la même ville. Mais elle changea de nom selon les Empires. Constantinople sous l’Empire Romain, Byzance sous l’Empire Byzantin (476 à 1453), et Istambul depuis la prise de la vilel par les Turcs en 1453. Peu de souverains ont fait l’objet de discussions aussi passionnées que l’Empereur Constantin , le premier empereur Romain à avoir autorisé » la religion catholique dans l’Empire Romain (Edit de 314). La création de Constantinople n’a pas échappé à ces controverses : l’empereur a-t-il voulu remplacer Rome, ou la dédoubler, ou simplement laisser après lui une grande cité qui portât son nom ? La question n’est pas tranchée. Ce qui est certain, c’est que depuis le IIIe siècle les empereurs résidaient de moins en moins à Rome, qui était trop loin des frontières, isolée dans une Italie en pleine décadence, à l’écart de l’axe commercial Rhin-Danube, qui avait supplanté l’axe méditerranéen. Sans doute, si Constantin, qui avait déjà plusieurs fois changé de résidence pour des raisons stratégiques, a finalement choisi la vieille cité grecque de Byzance en 324, c’est que l’intérêt de sa position lui avait été démontré par la campagne de 322-323 contre Licinius : à condition d’être suffisamment fortifiée, elle pouvait constituer une excellente base pour les opérations militaires sur le bas Danube, qui était alors la frontière la plus vulnérable. Si, par ailleurs, Constantin cherchait une ville apte à un grand développement économique, située au croisement de plusieurs grandes routes commerciales, plus facile à ravitailler que Rome en blé d’Égypte, en produits manufacturés d’Asie – voire en fonctionnaires (grâce à la proximité des centres intellectuels de l’Orient) –, il ne pouvait trouver mieux que Byzance, admirablement établie sur un promontoire facile à défendre et pourvue du port naturel très sûr qu’était l’estuaire de la Corne d’Or. Si l’empereur avait simplement voulu créer en Orient une base stratégique inexpugnable, il n’aurait pas conçu pour elle un plan aussi colossal, il n’aurait pas cherché à y attirer en masse de nouveaux habitants – en particulier des membres du Sénat romain – en étendant à son sol les privilèges de l’ancienne Rome, tels que le ius italicum  et l’annone, cette dernière attribuée à tout possesseur d’un immeuble nouvellement bâti. Commencée probablement dès la fin de 324, date de la consécration de son sol, la ville – trop hâtivement édifiée d’ailleurs, et encore loin d’être terminée – fut inaugurée le 11 mai 330 en une cérémonie païenne et chrétienne à la fois. Il est à remarquer que, si Constantin y fixa aussitôt sa résidence, il ne lui octroya pas le statut administratif de l’ancienne Rome : elle fut gouvernée par un simple proconsul, qui ne sera remplacé que sous Constance par un préfet de la ville, et ses sénateurs n’eurent pas rang de clarissimes. Plus nette encore était l’infériorité de la nouvelle Rome sur le plan religieux : son évêque demeurait suffragant du métropolite d’Héraclée-Périnthos. À aucun moment Constantin, qui avait solennellement installé la Tyché de Rome dans sa nouvelle fondation, ne songea à faire de celle-ci une capitale chrétienne. Quelles que fussent les intentions exactes de son fondateur, Constantinople, siège désormais stable d’un gouvernement de plus en plus centralisé, sanctuaire du culte impérial, ne pouvait tarder à modeler ses institutions sur celles de l’ancienne Rome : ce fut chose faite dès le IVe siècle.